LA PASSION UN POINT C’EST TOUT !

Du haut de ses 48 ans, Cyrille a un CV long comme le bras. Un CV de Tonnelier. Un métier, voire une passion, qui lui colle à la peau et à l’âme. Une passion qu’on lui a transmise et qu’il transmet. Un homme de goût, de coeur, de défi. « Sens-moi ces arômes épicés ». La barrique sort tout juste de la chauffe, le bousinage. Une étape cruciale dans la fabrication. « Toutes les étapes sont importantes, mais celle-ci par-dessus tout ». Poste par poste, il fait le tour de l’atelier, jette un oeil, corrige, donne une consigne, un coup de main si besoin, parfois un coup de gueule, « ça arrive » plaisante l’intéressé. Cyrille affiche quelque trente années de tonnellerie au compteur, des petites et des plus grandes.

 

Un métier physique et sensuel

Comme beaucoup de cognaçais, Cyrille a joué au rugby, là aussi une école de la vie. « À Cognac, tout le monde se connaît et quand on est jeune, on a envie de s’amuser. C’est ce que je faisais. Jusqu’au jour où mon père m’a pris par l’oreille : l’école c’était pas trop mon truc ». Dès l’âge de 16 ans, Cyrille travaille tous les étés au sein d’une grande tonnellerie du cognaçais. « J’empilais les douelles encore vertes avant qu’elles aillent sur le parc à bois pour sécher. Rien de bien sorcier. Je prenais les pauses avec les tonneliers, des gars costauds. Puis il y a le bois, je les voyais caresser les fûts à la recherche du moindre défaut. C’est là que tout a commencé. » Suit une formation de tonnelier en apprentissage avec à la clef un CAP et le titre de major de sa promo.

 

De la Charente au Missouri

Cyrille a roulé sa bosse, prenant parfois des risques. Mais il n’est pas homme à se laisser aller. Il se fait un nom dans le milieu des tonneliers et une solide réputation. L’homme a des valeurs et des convictions. « On pense ce que l’on veut, mais dans nos métiers, le plus important, c’est l’homme, l’humain. Une machine, on la remplace ». Franc et direct, celui qui est aujourd’hui responsable de production de la Tonnellerie Bernard n’oublie pas d’où il vient et ceux qui l’ont fait. « J’ai eu la chance d’apprendre le métier avec trois MOF (Meilleur Ouvriers de France) et c’est ce que je retiens en premier de mon parcours ». Un concours prestigieux auquel lui aussi se préparait avant d’être appelé outre-Atlantique, dans le Missouri (USA). « Une opportunité comme celle-ci ne se présente pas deux fois et j’ai accepté. J’y ai passé deux ans avec comme mission l’implantation d’une tonnellerie. Une expérience très formatrice ». C’était en 2002. De retour en France, sans toutefois quitter les ateliers et l’odeur du bois chauffé, Cyrille prend du galon et des responsabilités au fil des années et rejoint le groupe Charlois en avril 2019, plus spécifiquement la Tonnellerie Bernard, où son rôle est de maintenir et développer la qualité de confection des barriques.

 

Responsable dans l’âme

À la tonnellerie Bernard, Cyrille est presque toujours le premier arrivé et le dernier parti. Depuis son bureau, il a une vue directe sur le parc à bois, là où le soleil se lève. Il sort son téléphone, montre une photo prise ce matin puis une autre : « je ne sais pas à quoi ressemble le paradis, mais là, c’est déjà pas mal ». Lignières-Sonneville est située au coeur de la Grande Champagne, dans le berceau des grands crus de Cognac, un endroit unique, entouré de vignes. Lorsqu’il n’est pas dans l’atelier ou sur le parc à merrain, la porte du bureau de Cyrille est toujours ouverte. Toujours prêt à échanger, discuter, conseiller. Les gars n’hésitent pas à le solliciter. « Ici, c’est un peu comme au rugby, il faut un esprit d’équipe, c’est important. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi et je dois pouvoir compter sur eux ». Avec lui, les choses sont simples, nettes et précises. Une poignée de main franche vaut contrat.

Le costume de responsable de production lui sied parfaitement, du sur-mesure. L’humain est au coeur de sa façon de gérer sa petite équipe. Il n’a pas son pareil pour motiver « ses gars », leur donner des responsabilités et les motiver. Les métiers de la tonnellerie sont décidément des métiers à part où l’Homme demeure plus que jamais la valeur ajoutée !

 

Trois questions à Cyrille Royer :

 

Vous êtes dans le groupe Charlois depuis un peu plus d’un an. Pourquoi ce choix ?

Le groupe Charlois est de plus en plus réputé dans la région. Tout le monde en parle. J’en avais entendu parler. Les valeurs du groupe me plaisent. L’esprit familial notamment. Et puis, c’est une entreprise réactive, où l’on sait faire confiance, donner des responsabilités et ça, ça me plaît !

En quoi est-il différent des autres ?

Déjà, au départ, ce sont des merrandiers. Il y a une vraie connaissance du bois et de la forêt. De l’origine, le chêne, au produit fini, le fût, il y a une maitrise, une cohérence unique. Là est la différence !

Aujourd’hui responsable de production de la Tonnellerie Bernard, le métier de tonnelier ne vous manque pas ?

Je suis toujours tonnelier. Et puis je vais toujours dans l’atelier. En 30 ans de métier, sans avoir fait le tour, j’avais aussi envie d’évoluer. Mais ça ne me pose aucun problème de reprendre les outils si besoin. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait en arrivant ici pour voir comment on travaillait dans l’atelier et apporter les améliorations nécessaires.

 

Photo 1 © Stéphane Ebel

Photo 2 et 3 © Christophe Deschanel